Française

14/12/2020

Pour une deuxième conférence latino-américaine et des EE.UU

Appel. Face à la nouvelle vague de révoltes populaires.

Foto: @Foncho_ss

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La tenue d’une conférence virtuelle latino-américaine et américaine en août de cette année a été un succès politique. Promue par le “Frente de Izquierda y de los Trabajadores-Unidad “d’Argentine, la conférence a réussi à regrouper plus de 50 organisations de 15 pays américains. Elle a ainsi fait un pas concret dans la lutte pour la mise en place d’un pôle d’indépendance de classe à l’échelle du continent, en réponse à la suite de révoltes qui ont secoué le continent pendant la dernière période.

Maintenant, la nécessité de donner une continuité à l’initiative est évidente, en promouvant une deuxième conférence. Il se trouve qu’à l’approche de la fin de 2020, on commence à recréer la scéne de 2019, dominée par l’émergence d’énormes rébellions populaires en Amérique latine. L’arrivée de la pandémie a établi une période d’attente pour les grands processus de soulèvement populaire. La classe dirigeante n’a pas hésité à utiliser les dangers d’une contagion massive pour enlever les masses de la rue et désactiver la mobilisation, au nom de l’urgence. Cette tentative n’a pas fait long feu et la pandémie est devenue un boomerang, car elle a mis en évidence l’antagonisme entre le régime social actuel et les gouvernements qui le représentent (quel que soit son signe politique), et la santé, la vie et les besoins populaires les plus fondamentaux de la population laborieuse.
Ces dernières semaines, plusieurs pays ont été secoués par des protestations suivies de graves crises politiques. Au Pérou, un coup d’État parlementaire a emporté le président Martin Vizcarra. Un processus de mobilisation populaire croissante est en cours, qui remet en question l’ensemble du régime, ses partis et la partie la plus importante de la communauté des affaires péruvienne, et le slogan “cassez-vous tous” commence à résonner dans les rues, obligeant le remplaçant de Vizcarra, Manuel Merino, à démissionner six jours plus tard. Une crise d’une ampleur considérable s’est ouverte. Au Chili, le 18 octobre, premier anniversaire du déclenchement de la rébellion, ont eu lieu les plus importantes mobilisations depuis l’arrivée du Covid-19. La journée du 18 a précédé le triomphe écrasant de l’Approbation dans le plébiscite : une déclaration populaire non seulement contre l’héritage de Pinochet mais aussi contre les 30 ans de gouvernements démocratiques, comme l’expriment les slogans scandés par les masses dans les rues lors des journées historiques d’il y a un an, mettant le doig accusateur sur la démocratie capitaliste et non seulement sur la dictature, la rendant responsable des difficultés des dernières décennies. En Colombie, des milliers de personnes se sont mobilisées le 21 octobre dernier dans tout le pays, dans le cadre d’une journée nationale de lutte convoquée par le Comité National de Grève, qui regroupe des syndicats ouvriers et des organisations sociales, dont les principaux slogans étaient la cessation des crimes contre les militants sociaux, l’annulation des décrets anti-travailleurs d’Ivan Duque (réforme du travail, habilitation des privatisations) et la demande de mesures d’urgence pour faire face à la crise sociale. Les principales villes équatoriennes ont, à leur tour, été le théâtre de manifestations contre le récent accord avec le FMI, qui a pour contrepartie la demande d’une austérité brutale, qui pourrait inclure une augmentation de la TVA, des licenciements massifs et des réductions de salaires dans le secteur public.

Le Brésil vient d’être secoué par la grève des postiers, qui a duré plus d’un mois et au cours de laquelle les travailleurs sont venus s’opposer aux plans de flexibilité et des privatisations que le gouvernement Bolsonaro a à l’esprit. L’Amérique centrale n’a pas échappé à cette situation : le Costa Rica est plongé dans un processus de mobilisation en réponse à l’annonce du président Carlos Alvarado, concernant le prêt du Fonds monétaire international, ainsi qu’une autre série d’impôts et de mesures qui s’attaquent aux poches de la classe ouvrière.

Le mouvement des femmes et des diversités, qui a été l’un des grands ferments qui ont ouvert la voie aux grandes rébellions populaires (Me too aux États-Unis, Ele Não au Brésil et la lutte en Argentine pour le droit à l’avortement), apparaît à nouveau comme le fer de lance de la recréation de ce phénomène. La revendication du droit à l’avortement et contre la violence à l’égard des femmes, contre la précarité du travail et pour la séparation de l’Église et de l’État sont des axes centraux de la lutte. Le mouvement des jeunes, précarisés et/ou sans emploi, qui a été le protagoniste de plusieures grèves internationales au cours des derniers mois, occupe également une place de choix, tout comme le mouvement de lutte environnementale, qui pose, en arrière-plan, un affrontement avec l’ensemble du régime social en place, qui est finalement responsable de la destruction de la planète au nom de l’accumulation capitaliste.

Cette nouvelle vague ascendante est indissociable de ce qui s’est passé aux États-Unis. La rébellion du peuple américain a ébranlé les fondements du système politique américain, de ses partis et de ses institutions, et a ouvert une nouvelle arène internationale. Non seulement elle a fini par accélérer l’effondrement de Trump, qui était déjà instable, mais elle est également destinée à conditionner la gestion de son successeur, le démocrate Joe Biden. La défaite de Trump révèle l’échec d’une tentative bonapartiste de forger un régime fort de pouvoir personnel, qui permettrait de piloter la crise dictée par le déclin historique des Etats-Unis et l’impact de la faillite capitaliste en développement. Le revers du magnat est un coup porté aux efforts de l’impérialisme pour consolider sa place de gendarme mondial. C’est particulièrement vrai pour l’Amérique latine, l’arrière-cour des Yankees. La défaite électorale des putschistes boliviens est la manifestation la plus palpable de ce processus. N’oublions pas que la Maison Blanche était derrière l’instigation et la préparation du coup d’État qui a renversé Evo Morales. La grève générale de douze jours a montré que la manière d’arrêter la droite n’est pas de rester assis et d’attendre les déclarations des organismes internationaux ou d’attendre de vaincre la droite lors de la prochaine compétition électorale, mais plutôt par la mobilisation et l’action directe, qui ont forcé la convocation des élections, et en rassemblant la majorité des exploités derrière les masses en lutte. Une grande différence avec Lula et le PT, qui ont accepté le coup d’État de cinquante sénateurs au Brésil contre Dilma et ont laissé avancer les réformes anti-ouvrières du travail et des retraites, sans déclarer de grève générale.

La révolte nord-américaine a agit comme une bouffée d’air frais et un encouragement pour les masses latino-américaines et a également laissé sa marque sur les Boliviens exploités. La mobilisation populaire du mois d’août, avec les 200 blocages qui ont secoué la Bolivie pendant douze jours, a obligé le gouvernement de Jeanine Añez à fixer une date pour les élections, qui avaient été reportées, et a supprimé l’obstacle que représentait la politique de frilosité, d’apaisement et de compromis qu’Evo Morales et le MAS avaient menée avec les putschistes.

Crise capitaliste

Les gouvernements d’Amérique latine ont été confrontés au développement d’une dépression mondiale, beaucoup plus importante que celle de 2008 et seulement comparable à la crise de 1929. Les espoirs d’un décollage économique ont été rapidement anéantis. Il n’y a pas d’issue pour les pays de la région par une intégration majeure dans le marché mondial ou une association, l’ouverture ou le débarquement de grands capitaux ou un commerce extérieur florissant à un moment où nous sommes confrontés à une grève des investissements par les capitalistes à l’échelle mondiale, où les marchés sont fermés, où la demande internationale est comprimée, où les mesures protectionnistes se multiplient et où nous assistons à une intensification de la guerre commerciale qui s’est aussi déplacée avec virulence vers l’Amérique latine. La faillite capitaliste accentue la pression et le conditionnement colonial sur les pays émergents et les tendances à l’appropriation de leurs ressources, qui se produisent dans le cadre d’une furieuse dispute de butin entre les puissances capitalistes et, en particulier, entre les États-Unis et la Chine. Nous assistons à une fuite croissante des capitaux de la périphérie vers les métropoles, tandis que les exigences léonines et la pression du capital international et du FMI pour le paiement de la dette augmentent, ce qui va de pair avec une attaque historique contre les conditions de vie des masses. Cette confiscation est à la base des soulèvements populaires qui ont secoué la région.

Contrairement à la faillite de 2008, cette fois-ci, les États capitalistes – principalement ceux des métropoles – n’ont pas la même capacité économique et la même marge de manœuvre qu’il y a douze ans. La Chine n’est pas en mesure d’agir comme une locomotive. Le sauvetage étatique, aussi grand qu’il soit, ne peut empêcher l’élimination des capitaux excédentaires et un scénario de faillite, avec son cortège de fermetures et de licenciements. Et ses conséquences en termes de crises politiques, de guerres et de révolutions. Malgré la reprise de l’emploi au cours des derniers mois, le chômage aux États-Unis est toujours deux fois plus élevé qu’avant le déclenchement de la pandémie.

Cette situation est exacerbée par la crise sanitaire. Loin de baisser  la courbe de contagion, nous sommes entrés en Europe et aux États-Unis dans ce que l’on appelle une deuxième vague, encore plus étendue que la précédente.

La combinaison de la crise capitaliste et de la crise sanitaire a provoqué une tempête parfaite. Les gouvernements, qu’ils soient nationalistes ou néolibéraux, sont dépassés par l’ampleur de l’effondrement actuel. Cela révèle les limites de la bourgeoisie nationale, dont les deux variantes sont tributaires, à ouvrir une perspective de dépassement pour sortir de la crise.

Le rôle du “progressisme”

Dans cette scéne le rôle stratégique d’endiguement des masses du nationalisme bourgeois et du centre-gauche, tant au gouvernement que dans l’opposition, est plus exposé. La gouvernance capitaliste de l’Amérique latine est basée sur ce rôle.

L’exemple du Chili, où la rébellion populaire est allée le plus loin, est instructif. Le fait que l’appel à une Assemblée constituante ait été forcé par la mobilisation ne réfute pas le fait qu’elle constitue une ressource pour sauver l’État capitaliste en crise. La Convention est le résultat de l'”Accord de paix sociale et de la nouvelle Constitution”, que les parlementaires de la coalition officielle ont élaboré avec l’opposition politique en réponse à la rébellion populaire qui se développe et à la grève générale du 12 novembre. L’Assemblée constituante se tient avec le président Sebastián Pinera au pouvoir ; la Convention n’a pas le pouvoir d’exécuter ce qu’elle approuve et toutes les réformes doivent être ratifiées par un nouveau plébiscite.

Bien qu’il n’ait pas signé l'”Accord”, le Parti communiste a joué un rôle crucial de frein, en tant que direction politique de la Centrale Unique des Travailleurs et de la Table d’unité sociale, en paralysant les organisations ouvrières et en canalisant, dès le départ, la lutte des masses dans l’arène parlementaire, en refusant de brandir la devise”hors de Piñera”.

Le rôle d’Evo Morales et du MAS en Bolivie est emblématique. La ligne directrice de ce mouvement était la “pacification”, qui consistait à essayer de faire sortir les masses de la rue et à chercher un pacte avec les chefs du coup d’État. Cette politique de compromis continue d’être présente dans l’agenda du nouveau président Luis Arce, qui a indiqué que la politique de son gouvernement est un accord avec les créanciers et le FMI. Evo Morales accompagne cette orientation.

Le “progressisme” latino-américain, centré sur le groupe Puebla – qui a actuellement pour principaux représentants l’Argentin Alberto Fernández et le Mexicain Andrés Manuel López Obrador – a fini par capituler devant le capital. Loin d’être un pôle alternatif comme le proclamaient ses promoteurs, il a mené une politique d’adaptation aux exigences de l’impérialisme, étant le vecteur d’un ajustement et d’une attaque des masses. M. López Obrador a validé l’accord de libre-échange avec les États-Unis et le Canada, qui a été adapté aux réformes encouragées par le gouvernement américain, et a fait du Mexique un État tampon pour la circulation des migrants, comme l’avait demandé la Maison Blanche. Alberto Fernández, à son tour, a encouragé le paiement de la dette extérieure, le sauvetage des détenteurs d’obligations “vautours” et a ouvert la voie à un accord avec le FMI.

Les défis de la gauche

Dans l’ensemble, il est clair que les prémisses qui, à l’époque, ont donné lieu aux grands soulèvements populaires sont non seulement encore ouvertes mais elles ont été renforcées. Nous entrons dans un scénario convulsif qui annonce une deuxième vague de rébellions populaires.

Ce cadre de nouveaux affrontements entre la classe capitaliste et ses gouvernements, d’une part, et les masses ouvrières et opprimées, d’autre part, pose une énorme responsabilité à la gauche révolutionnaire : regrouper les forces combatives, de classe et révolutionnaires. Ce serait une base importante pour mener les rébellions à la victoire et surmonter les obstacles qui se dressent sur leur chemin.Les exploités sont appelés à avoir le dernier mot en ce moment, à condition qu’ils se libèrent des liens politiques qui les retiennent.

Cela souligne l’importance de convoquer une deuxième conférence latino-américaine et américaine. Il est urgent et essentiel de mettre en place un pôle alternatif qui défende l’indépendance politique des travailleurs, tant de la droite que du soi-disant “progressisme”. La gauche révolutionnaire ne peut pas laisser ce poste vacant. Ce qui est en discussion dans les rangs de la gauche, c’est de savoir si elle se limitera simplement à agir comme groupe de pression et comme roue de soutien pour les blocs et les coalitions capitalistes, ou si elle prendra la tête de l’organisation des travailleurs et deviendra le moteur d’une stratégie visant à transformer la classe ouvrière en un pouvoir alternatif.

Ce dilemme était présent lors de la première conférence latino-américaine et américaine, où ce clivage a été exposé.

Le Front de gauche, avec ses contradictions et ses limites, a porté haut en Argentine pendant neuf ans la bannière de l’indépendance de classe et la lutte pour le gouvernement ouvrier. Le Partido Obrero s’est battu pour étendre l’action de la FIT-U à tous les domaines de la lutte des classes et pour ne pas la limiter exclusivement au domaine électoral.

Toutefois, cette expérience n’est pas la règle mais l’exception en Amérique latine et, d’une manière générale, au niveau international. Au lieu de l’indépendance politique, ce qui a prévalu, c’est la collaboration de classe. Au lieu de l’action directe et de la promotion de la lutte des classes, ce sont les tendances électoralistes qui ont prévalu. Au lieu de construire des partis combattants et révolutionnaires, ce qui a prospéré, c’est le support de “partis larges” et d’intégration dans des formations politiques aux frontières de classe diffuses, et de suivi et de confluence avec le nationalisme bourgeois ou de centre-gauche.

C’est d’une extrême actualité au moment où nous assistons à une crise profonde du PSOL et du NPA en France, deux “grands partis”, probablement les plus emblématiques à l’échelle mondiale. Tous deux n’ont pas dépassé un appareil électoral, basé sur un accord superstructurel de tendances ; ils n’ont pas été constitués ni n’ont insisté pour être le moteur de la lutte des classes. La politique dominante de l’aile gauche de ces formations (dont certaines font partie de la FIT en Argentine) est de lutter pour une transformation interne progressive de ces “larges” partis. Il est évident qu’il s’agit d’un objectif non viable, qui ne sert que d’alibi pour continuer à prospérer en leur sein et tenter d’égratigner quelque fonction parlementaire. Les critiques de l’aile gauche de ces noyaux n’ont pas empêché d’intégrer les listes PSOL qui sont dirigées par des agents clairs de la bourgeoisie, comme Erundina in San Pablo ou les listes NPA, qui agissent en coalition avec le parti nationaliste “La France Insoumise”, dirigé par Jean-Luc Mélenchon.

La dissolution de la gauche en fronts de collaboration de classe ou en partis  “larges”  de centre-gauche – qui regroupent sous un même toit des organisations aux politiques contradictoires et sont dirigées par des cliques aux seuls appétits électoraux – mine la lutte pour une structuration politique indépendante des travailleurs. C’est vrai pour l’Amérique latine, mais aussi pour les États-Unis, où nous entrons également dans une transition convulsive. Le gouvernement de Joe Biden est conditionné de trois façons : par la crise économique et sociale (et la division inter-bourgeoise), par la crise sanitaire qui est loin d’être terminée et, surtout, par la rébellion populaire latente et capable de prospérer à travers les fissures laissées par l’élection, qui a fini par ne devenir qu’un chapitre d’une énorme crise politique. Dans ce contexte, les limites insurmontables des liens de la gauche démocratique, en particulier des socialistes-démocrates, avec un homme de l’établishment comme Biden, seront rapidement exposées. Aux États-Unis, la lutte pour la mise en place d’une organisation politique indépendante des travailleurs et la jeunesse.

Pour une sortie des travailleurs

Le panorama présenté ici met à l’ordre du jour la lutte et la mobilisation politique autour d’un programme et d’une voie de sortie pour les travailleurs.

Face aux ravages sociaux que la crise provoque dans des dizaines de millions de foyers de la population active, il est impératif de répondre par un programme de revendications immédiates de la classe ouvrière et un plan d’action. Face au chômage massif, nous devons augmenter la demande d’assurance pour les chômeurs, équivalente au panier familial de base dans chaque pays, et lutter pour une répartition générale du temps de travail sans réduction des salaires. Mettre un terme aux licenciements implique notamment de promouvoir les métiers de chaque usine ou entreprise qui ferme ou licencie. Et de faire face à la pénurie implique d’organiser la lutte pour des salaires minimums et des pensions équivalentes au coût du panier familial dans chaque pays d’Amérique latine.

Cette bataille est étroitement liée à la lutte pour une nouvelle orientation du mouvement ouvrier. La promotion et la satisfaction de ces demandes pressantes exigent de se débarrasser des bureaucraties syndicales bradeures, de promouvoir des congrès de délégués élus par les assemblées de base de tous les syndicats de chaque pays d’Amérique latine, ainsi que des plans de lutte jusqu’à la grève générale pour les imposer.

Face à la crise sanitaire, nous appelons à la promotion de la lutte pour la centralisation des systèmes de santé de chaque pays, sous la direction des travailleurs et des professionnels de la santé eux-mêmes. Ce programme est proposé pour l’ensemble de l’Amérique latine. De même, la lutte pour la duplication des budgets de santé et pour les comités de santé et de sécurité des travailleurs dans chaque usine, entreprise et lieu de travail.

Un paragraphe spécial mérite la dénonciation de l’escalade impérialiste et de droite, qui n’a pas renoncé à son objectif de déposer le régime bolivarien au Venezuela. Le rapport Bachelet finit par être une imposture des gouvernements qui bafouent les droits de l’homme au quotidien et sont responsables des pires meurtres et exterminations, et n’est qu’un écran pour renverser le régime vénézuélien.

Nous appelons à l’écrasement du coup d’État de droite et réactionnaire, mais cela ne peut être confondu avec le soutien politique à Maduro et aux autres gouvernements nationalistes au pouvoir. Une partie importante de la répression du gouvernement vénézuélien est dirigée non pas contre la droite mais contre les combattants du peuple, les dirigeants syndicaux et les militants de gauche, qui ont fait face à la politique d’austérité enragée et ont contesté la brutale régulation politique et syndicale du régime Maduro. Les élections législatives truquées que Maduro prépare sont au service de la perpétuation d’une clique dont l’éloignement des travailleurs s’accroît et sera à terme un pas de plus vers la remise de la richesse nationale au capital financier international. Mais la démarcation nécessaire avec le nationalisme bourgeois ne peut jamais être faite en faisant cause commune avec la droite. De la main de l’impérialisme et de ses sbires, il ne peut y avoir d’issue progressive, mais des difficultés encore plus grandes pour les masses. La lutte contre l’offensive du coup d’État doit être menée de manière indépendante.

Donner la priorité qui correspond à ce programme met sur la sellette la nécessité d’une réorganisation globale du continent sur de nouvelles bases sociales. La lutte pour le non-paiement des dettes extérieures, pour la rupture avec le FMI et l’impérialisme, pour des impôts extraordinaires sur les gros revenus et les grandes fortunes, pour la nationalisation sans compensation des systèmes bancaires, du commerce extérieur et des ressources naturelles, ainsi que pour le contrôle général des travailleurs, a une portée universelle. Une forte lutte contre le militarisme répressif est également menée : emprisonnement, procès et punition des responsables des massacres de Senkata et Sacaba en Bolivie, de ceux qui répriment les mobilisations de la jeunesse et de masse au Chili, de ceux qui battent et gazent les protestations au Pérou, en Colombie, en Argentine, etc. Liberté pour tous les prisonniers politiques et syndicaux. Nous opposons aux régimes de pillage et de capitulation, qui ont déterminé le destin de la région, la lutte stratégique pour des gouvernements ouvriers et l’unité socialiste de l’Amérique latine.

Le Partido Obreror ouvre la discussion et appelle, en premier lieu le FIT-U, les organisations qui se réclament de la gauche révolutionnaire et/ou anti-impérialiste, les organisations ouvrières et populaires combatives, à promouvoir d’un commun accord une deuxième conférence latino-américaine et américaine dans le but de souder un front uni, basé sur l’indépendance de classe, afin de porter à la victoire la nouvelle vague de rébellions populaires qui s’annonce. Dans ce cadre d’action commune, nous revendiquons le débat et la clarification des stratégies politiques en danse au sein de la gauche, qui contribueront à surmonter la crise de direction du prolétariat.

Faisons un pas transcendantal avec un écho plus profond que celui obtenu par la première conférence latino-américaine et américaine.